Le Beau Rivage
Carlo-Alberto dell'Oro avait tout ce qu'une femme pouvait désirer d'un homme. Il était bien élevé, grand, d'une très bonne famille, très riche, tendre. Elle en ferait ce qu'elle voudrait.
Mafalda se taisait. Que devait-elle faire? Carlo-Alberto lui paraissait trop passif. Elle eût aimé qu'il jetât sur le comptoir un bouquet de roses, qu'il lui dît : « Je vous aime, je vous enlève, je vous épouse. » Elle attendait qu'il la force. Et il se tenait à distance, respectueux, comme il faut, ne promettant rien, se contentant d'être là . Il apportait une boîte de bonbons à Maria ou à Giuseppina Albano, un récit de guère au père Albano. A Mafalda, il offrait un petit volume d'extraits de La Divine Comédie, sur la couververture duquel le profil de Dante Alighieri était incrusté.
Souvent Maria les laissait seuls. Mafalda espérait qu'il déclarât son amour. Elle imaginait la réponse mais il se taisait, figé sur son tabouret, toussotant parfois. Maria rentrait, leur jetait un coup d'œil rapide.
« Rien? demandait-elle le soir. Toujours rien? »
...
« Tous pareils, reprenait Maria. Si on leur refuse, ils nous abandonnent et si on leur cède, ils nous abandonnent aussi. »
Le Beau Rivage
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